Que faire de la colère ?
La colère est une émotion (du latin"movere" qui signifie "mettre en mouvement") pas très aimée.
Contrairement aux idées reçues, cette émotion n'est pas négative !
Chaque émotion a deux fonctions : un indicateur sur notre harmonie intérieure et donne de l'énergie par rapport à notre environnement.
La colère exprimée avec violence est destructrice pour soi et pour les autres. Néanmoins, ne pas l'exprimer est tout aussi néfaste.
Elle exprime un besoin ; généralement le sentiment de n'être pas respecté ou écouté.
En sophrologie, je vous aide à réguler toutes les émotions, dont la colère. C'est un chemin d'observation du mécanisme de la colère, d'identification des besoins et des attentes par rapport à l'autre. Plusieurs outils permettent de digérer cette émotion et de l'évacuer. La colère devient une alliée et n'est plus une ennemie.
Et nous verrons que colère sans violence et amour peuvent cohabiter sans mettre en péril la relation. A contrario, l'expression de la colère sans violence est la meilleure prévention de la violence.
A quoi sert la colère ?
La colère nous informe :
- de notre état de fatigue et de stress
- du sentiment d'envahissement de notre territoire symbolique ou réel
- du sentiment de ne pas être respecté ; "je veux quelque chose que je n'obtiens pas !"
Cette émotion permet de faire respecter nos frontières, nos désirs, nos volontés. La colère nous donne l'énergie pour que la situation change.
Les évènements extérieurs qui provoquent la colère
L'invasion du territoire
Nous avons tous 2 territoires : symbolique et réel.
Le territoire symbolique est représenté par notre système de valeurs ; ce que nous pensons être juste, acceptable, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas.
Le territoire réel commence par notre corps, mais peut aussi s'étendre à nos proches, notre maison, notre voiture, nos possessions.
La peur
Les émotions - peur, tristesse, joie et colère - se construisent à l'intérieur de nous-mêmes comme un mille-feuilles : sous chaque émotion s'en cache une autre. La peur est très présente sous la colère.
Une des raisons de notre colère sera souvent la peur de ne pas être reconnu, de ne pas être respecté, ni apprécié à notre juste valeur, ni compris ou entendu.
Une autre peur très souvent présente est la peur de l'abandon, le sentiment d'être laissé pour compte, d'être négligé, de n'être pas pris en considération.
La fatigue et le stress
Le manque de repos, de silence, de vie intérieure, de calme intérieur ajouté à la vie active sous pression concourent à une forte charge mentale et prépare le terrain à l'expression de la colère.
Le combo manque de sommeil + stress professionnel est la bonne recette pour nourrir la colère.
L'adulte stressé va exploser et peut décharger son adrénaline sur son entourage dans la sphère privée ...
Les signes précurseurs de la colère
La colère commence bien avant le moment de l'explosion.
Les premiers signes peuvent apparaître le matin et la colère va exploser l'après-midi !
Regardez ce qui se passe dans votre corps :
- les muscles se contractent
- le sang afflue au visage
- le coeur bat plus vite
- les poings, la nuque et les épaules se raidissent
- les yeux se dilatent
- les paumes des mains sont moites
- le diaphragme se contracte, la respiration se bloque
Lors de l'afflux hormonal, le cerveau rationnel est hors circuit. Seul le cerveau émotionnel gère la situation. C'est à dire que vous êtes sous l'emprise de vos réactions émotionnelles.
Le vase de la colère avant l'explosion
La colère explose et je vous invite à observer le chemin unique de la colère.
Quelle est la petite goutte qui a fait déborder le vase?
Comment s'est rempli le vase ?
Quelle a été la première goutte ? la 2° goutte ? La 3° ? etc.
Prenez conscience de ces mécanismes.
Une fois que vous avez pris conscience des symptômes précurseurs et que vous avez repéré toutes les gouttes qui s'accumulent dans le vase, il est peut-être temps de dire votre colère avant que le vase ne déborde.
Pour éviter le moment de l'explosion, on peut exprimer son énervement : "Je suis énervé-e, il faut que je sorte prendre l'air" ou "Je me sens très mal, la situation me met en colère".
"Je suis trop en colère, je ne vais pas réussir à me calmer, je sors" et sortir va avoir un effet apaisant sur le corps.
CE N'EST PAS UNE FUITE.
Exprimer ses besoins
Le besoin associé à la colère est la compréhension et la réparation. La réparation de ce qui semble injuste.
La colère est toujours liée à un ressenti d'injustice.
De quoi avez-vous besoin au moment précis de la crise ? Qu'attendez-vous de l'autre ?
Quel besoin n'a pas été satisfait ? Quelle blessure se cache derrière : regard de l'autre, estime de soi, respect ...
Il est vital d'exprimer son besoin pour éviter que la colère se transforme en rage, dans un cercle infernal d'escalade de violence.
Prenez le temps de lister vos besoins les plus importants. Prenez 3 grandes respirations et soyez à l'écoute de vous-même. Demandez-vous ensuite si ces besoins sont actuellement comblés ? Vous pouvez les placer sur une échelle de 0 à 10 par ex.
Retenez celui qui correspond au positionnement le plus faible et demandez-vous comment vous pourriez mieux répondre à ce besoin. N'hésitez pas à utiliser la communication non-violente dans l'expression de vos besoins auprès des autres : "je ne suis pas tout à fait d'accord avec la manière dont tu m'as parlé" , "je ne me suis pas senti-e respecté-e"...
Comment éteindre la colère ?
Si vous êtes au bord de l'explosion, très énervé-e, très agacé-e et que vous devenez incontrôlable, vous pouvez pratiquer ce geste du coeur ouvert qui aide à réguler les émotions et à libérer les tensions en douceur.
Repliez tous les doigts vers la paume de la main en gardant les ongles en contact. Faites que vos pouces se touchent et s'orientent vers le bas. Formez un coeur. Vous pouvez aussi entrelacer les doigts pour donner davantage de force à ce geste.
Grâce à ce mudra, la cage thoracique prend de l'expansion et l'inspiration s'allonge, ce qui apaise les émotions et dénoue les tensions ; l'énergie vitale passe alors des mains vers le coeur.
Pendant que vous gardez la posture, visualisez la personne ou la situation à la source de votre colère ou de votre énervement, placez ensuite vos mains (toujours en position de mudra) comme s'ils étaient une longue-vue.
Cet exercice est proposé par Juliette Dumas et Locana Sansregret, autrices de "Mudra, le yoga des doigts" (Flammarion, 2019).
Acceptez votre colère et ne vous réduisez pas à cela !
Il est vraiment important de reconnaître votre colère et de l'accepter avec bienveillance. Prenez conscience que vous n'incarnez pas la colère !
Chaque émotion est liée à vos pensées, qu'elles soient issues de réflexions agréables ou non, toutes vos émotions sont utiles. Elles vous permettent d'exprimer vos besoins et de mettre le doigt sur l'injustice que vous ressentez.
Pour la maîtriser, il est nécessaire de comprendre son cheminement et de se poser les bonnes questions :
- Que ressentez-vous physiquement ?
- Quelle en est la cause ?
- Que pourriez-vous mettre en place pour en limiter les effets ?
Libérez-vous par le souffle
Vous avez en vous un allié de taille : le souffle !
La technique de sophro-déplacement du négatif ou SDN consiste à extérioriser toutes les sensations désagréables ou douloureuses, physiques comme mentales, en les expulsant par le souffle après une légère contraction de tout ou partie du corps et un relâchement musculaire.
Cette technique clé de la sophrologie va vous permettre de travailler sur la façon dont vous pouvez expulser la colère.
Si vous avez du mal à visualiser vos tensions sortant par votre bouche, imaginez-les sous la forme de boules noires que vous expulsez loin devant vous.
Des petits signes-signaux apaisants conditionnés à l'état de détente profonde peuvent être mis en place en 2 séances de sophro-relaxation et avoir un impact immédiat sur l'état d'énervement. Un de mes jeunes clients de 10 ans qui me consultait pour la colère avait choisi un petit caillou très lisse qu'il portait toujours dans la poche de son pantalon. Il suffisait qu'il l'empoigne pour désamorcer la colère.
Enfin, la colère n'est pas une ennemie mais une alliée. Le travail de repérage des colères répétitives, du déchiffrage du mécanisme qui se met en place va vous aider à en comprendre la cause, à identifier vos besoins et ainsi vous pourrez mieux réguler cette émotion, en l'acceptant avec plus de bienveillance.
N'hésitez pas à me contacter pour en parler, je serais très heureuse de travailler avec vous sur cette émotion.
La colère et l'amour peuvent cohabiter !
La colère est très mal vue car elle rejoint une croyance très répandue selon laquelle colère et amour ne pourraient pas cohabiter !!! La colère n'aurait pas sa place dans une relation d'amour.
N'avons-nous jamais entendu des phrases parentales telles que : "Papa ne t'aime pas quand tu es en colère" ou "si tu veux que je t'aime, tu ferais mieux d'être une gentille petite fille, sage comme une image"?
Or, être sage comme une image c'est tout simplement NIER SES EMOTIONS (définition de l'émotion du latin "movere" =bouger).
Beaucoup d'entre nous ont développé la croyance fausse que la colère n'a pas sa place dans une relation d'amour ou d'amitié. L'expression de notre colère traduirait un manque d'amour empêchant une relation forte et vraie.
La colère sans violence permet de garder une relation en vérité et de nettoyer ce qui doit l'être. Plus nous serons capables d'exprimer nos colères et d'accueillir la colère des autres sans violence, moins nous aurons besoin d'être violents car la violence surgit lorsque la colère est réprimée très longtemps ou qu'elle n'est pas entendue.